Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pour que l'histoire vive
23 mai 2013

Vivre dans un penn-ty

Bernadette, Céline, Blandine et devant Annette

De gauche à droite: Bernadette, Céline,Blandine

et devant Annette. Au temps où le rosier fleurissait.

Ci dessous: Blandine Et Annette, le temps d'une photo.

le temps de la photo devant la maison

« J'ai souvenir encore, d'une vieille maison,

que l'on se partageait chacun à sa facon»

(Chanson de Claude Dubois )

Un toit d'ardoises moussues, deux lucarnes en guise de coiffe. Des linteaux de granit entourant les fenêtres du rez-de-chaussée et de l'unique porte, faisaient contraste avec la façade blanche et donnaient à cette demeure un air fier et coquet.

L'image qui ne s'effacera jamais de mon souvenir est celle du rosier grimpant courant le long de la façade et encadrant la fenêtre. Il m'arrivait même, de l'intérieur, d'y cueillir une fleur par une journée où le soleil se faisant plus fort, on se permettait d'ouvrir afin d'aérer. Un rayon plus ardent alors coulait le long du mur et venait caresser les doigts rhumatisants de la vieille tante aveugle qui vivait chez nous. Maman l'avait recueillie pour lui éviter d'aller à l'hospice. Son lien de parenté avec nous? Elle était la soeur de mon arrière grand-mère. Ainsi, père, mère, tantes, mes quatre soeurs et moi vivions dans cette chaumière de quatre pièces, soudés les uns aux autres, et formant un tout: La famille.

Les mots ne viennent pas à la vitesse de mon regard pour raconter la chaleur humaine vécue dans ce penn-ty à la façade blanchie à la chaux tous les ans.

L'écho de mes souvenirs me répète encore la régularité des sons, aussitôt le seuil franchi. C'est le tic-tac apaisant de l'horloge au grand balancier de cuivre rythmant nos jeux et nos vies. C'est le grésillement du feu de landes ou de fougères dans l'âtre, d'où s'exhailait aussi une bonne odeur de crêpes.

Rentrant de l'école, en faisant claquer ses sabots, chacune de nous avait sa tâche fixée d'avance. Les travaux extérieurs se déroulaient sous la surveillance de maman, et avec son aide. Traire la vache, la mener paître, cueillir de l'herbe aux lapins, des feuilles de hêtres et d'orties  pour le cochon. Aïe ! mes doigts. Mais il y avait une façon de les prendre sans se piquer, c'était de mettre la main à la base de la tige et la râcler jusqu'en haut. Ces feuilles plongées dans l'eau bouillante  faisaient les délices du cochon.

Tante Anna , la soeur de maman, présidait la bonne  marche des travaux domestiques. L'épluchage des légumes le samedi soir pour le pot-au-feu du dimanche, l'encaustiquage du mobilier . Ah! que je les ai donc frottés ces meubles  bretons! La grande armoire à linge, la boite de l'horloge, l'armoire à lait surmontée du vaisselier, tous alignés sur le mur du fond,  faits en beau chêne allant du rose au brun foncé et parsemés de clous de cuivre que nous devions astiquer. Et que ça brille! Il y allait de l'honneur de la ménagère. La table, le meuble central de la cuisine, était appuyé à la fenêtre; de cette façon nous pouvions profiter plus longtemps de la lumière du jour. Deux bancs en bois lissés par l'usure étaient placés de chaque côté. L'un à haut dossier, limitait l'arrière-cuisine, tandis que l'autre faisait corps avec un joli meuble en bois de pommier à deux portes coulissantes  qu'on appelait le lit clos. Des motifs bretons tels, le triskell, des rosaces, des croix celtiques étaient sculptés  sur  sa facade.

Or, la table servait à de multiples usages. C'était en même temps la huche où l'on pétrissait le pain. A ce moment, on glissait le dessus amovible de la table sur le banc du lit clos. Quand maman faisait la pâte, nous l'entourions et l'admirions en silence. Après avoir vidé le sac de farine et creuser une fontaine au milieu, elle commençait par faire son signe de croix; ce qui ajoutait à la solennité du moment. De même qu'avant d'entamer le pain, elle traçait une croix en dessous avec son couteau. J'ai gardé cette coutume pour le pain croûté et je l'ai transmise à mes enfants. C'est pour moi un geste d'instinct comme pour respirer ou marcher. Connait-on encore la signification de ce geste?:« Béni soit Dieu pour le pain quotidien».

Ainsi se faisait notre éducation. Regarder, observer, questionner,   et des questions dans la tête de cinq petites filles,  il y en avait! Maman avait réponse à toutes nos questions.

- 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Très jolis recueils de souvenirs d'enfance bercée par la rugosité des paysages et des gens du Cap. (D'où je suis aussi originaire)
Répondre
M
enfin !!! , je ne retrouvai pas ton blog (tu me permets de te tutoyer :)) je poursuis donc ma lecture ! que c'est agréable de partir dans le passé voir comment c’était avant :) <br /> <br /> un vrai moment de bonheur de te lire.<br /> <br /> Bises
Répondre
M
Magnifique, une maman qui faisait son pain ! Quels beaux souvenirs pleins de poésie...
Répondre
L
Merci madame , j'ai un grand plaisir à lire vos récits .car la vie autrefois était faite<br /> <br /> De petites choses simples ..et la famille c'était sacré.
Répondre
D
Bonjour Blandine, je suis avec plaisir la suite de tes souvenirs. J'espère que tu vas bien. Bises xxx
Répondre
Pour que l'histoire vive
  • Au fil de ma vie j'ai accumulé des feuilles volantes de mon histoire, de mon parcours. Il s'en trouve dans des cahiers, et depuis quelques années dans les fichiers de mon ordi. je veux les partager et ainsi faire revivre l'histoire!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 127 384
Derniers commentaires
Publicité