Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pour que l'histoire vive
17 juin 2013

Une passion,la généalogie

 

Les soeurs Meil

A la Pointe du raz vaut mieux être chapeauté

Annette et Blandine Meil. Nous aimons le rouge!

Ci- dessous les soeurs Goraguer. Le noir est à la mode.

Photo de famille 1896, le bébé à gauche dans les bras de sa mère est notre mère. En arrière d'elles c'est grand-père avec les 2 autres enfants  dans les bras, Jean-Guy et Anna.

les soeurs goraguer

la famille 1898

 

 

 

Le passé a de l'importance dans le déroulement du présent.

Notre mère était une éducatrice née. Dans toutes circonstances elle en profitait pour nous éduquer. Voici un exemple:

Rosalie âgée de 13 ans essaye d'habiller Annette qui doit avoir 3 ans environ. La petite ne se tient pas tranquille et Rosalie s'énerve. Elle appelle maman à son secours et dit: maman «dis-lui» donc de se tenir tranquille , que je puisse la vêtir!

Réponse de maman: OH! Rosalie, on ne dit pas «dis-lui», ce n'est pas un garçon! on dit: «dis à elle» !...Et nous voilà Rosalie, Bernadette et moi essayant d'expliquer à notre mère la complexité de la langue française.

Maman traduisait tout simplement du breton au français! En breton: Lavar deï(dis à elle), et, lavar dea ( dis lui). Tout aussi compliqué que le français.

Notre mère était très pointilleuse quand il s'agissait d'étudier nos leçons et de faire nos devoirs d'école. Elle nous a supervisé jusqu'au certificat d'étude.

Elle connaissait la généalogie de la famille des deux côtés, bien avant que ce mot et cette habitude ne soit à la mode. Ses connaissances allaient jusqu'à la quatrième génération souvent. Avec des récits croustillants parfois. Du côté de notre père, elle nous a raconté comment ses parents sont morts assez tôt en laissant des orphelins. Les Chever de Lescoff (notre grand-mère paternelle était une Chever) Ils avaient déterrés dans leur jardin, un tas de pièces d'argent; Beaucoup selon notre mère. Cela avait dû être caché là durant la révolution. Ils en ont profité en faisant la fête, la boisson devait couler à flot et ils en sont morts. Trop d'argent nui disait maman. Tout comme aujourd'hui, il arrive que certains gagnants de la Loto se retrouve à sec avant qu'ils aient eu le temps de tous les compter.

Elles connaissaient les lignées des deux côtés. Soit : les Meil, Baraou, Goraguer, kerloch; Ou les Meil, Chever, Velly, Rivière, Cajean, elle savait avec qui ils étaient mariés et dans quel village ils habitaient. Elle pouvait nommer aussi la généalogie des gens de kerscoulet.

De qui donc tenait-elle ce goût d'apprendre qu'elle nous a inculqué? Elle ne voulait surtout pas que nous finissions comme elle à travailler la dure terre.

Notre grand-mère est décédée suite à un accouchement. Maman avait deux ans, son frère Jean Guy quatre ans et tante Anna six ans. C'est à ce moment que grand-père vit un jour deux vieilles tante arriver au tournant de la rue et se demandant si on les recevrait? C'était Marie-jeanne et Yvonne Goraguer, deux lingères d'un couvent de Pont-Croix que l'on venait de congédier vu leur âge avancé. C'était deux tantes à Grand-Père, qui dut les recevoir comme tombées du ciel à ce moment. Le jour elles s'occupèrent des trois orphelins. J'ai surtout connu la vieille tante Marie-jeanne, que nous appelions Magn-toz (déformation de Maern goz) ou Vieille marraine. Elle a vécu jusqu'à 91 ans.

Notre mère avait une admiration sans borne pour son père; J'ai l'impression de l'avoir connu car elle nous en parlait souvent. Il pouvait se lever à quatre heures ou plus tôt suivant la marée afin d'aller ramasser du goémon au Loch qui servira d'engrais à ses petites parcelles de terrain. Son vrai métier : couvreur en chaume. L'hiver il cueillait les herbes dans le marais de Pardigou, les faisait sécher dans l'étable , les mettait en bottes soit pour vendre ou pour son usage personnel.

Quand la mode est venue de faire des toitures en ardoises après la guerre de 14, il s'est recycler dans ce nouveau matériau. Il partait tôt le matin, toujours à pied, sa musette sur l'épaule contenant un peu de lard et du pain noir, son repas du midi. Il a fait et refait presque toutes les toitures en ardoises des grandes fermes du Cap Sizun. Le travail de couvreur se faisait surtout l'été. Son métier d'hiver était sabotier. L'atelier se trouvait dans une partie de l'étable où logeait aussi la vache, ce qui fournissait un peu de chaleur dans la pièce.

C'était aussi par les journées pluvieuses, le lieu de rendez-vous des voisins qui y venaient potiner. La mort, la maladie, les mariages, ainsi que les chicanes de ménage, tout y passait. Grand-père faisait taire quelques ragots ou enjolivait certains faits. Chanteur à ses heures, conteur aussi comme tout bon breton de ce temps-là, il était connu pour son courage et sa perfection au travail. Veuf avec trois enfants en bas âge, il les éleva avec l'aide des deux vieilles tantes venues lui demander asile.

Quand à quatorze ans je suis allée apprendre la couture chez les religieuses à Esquibien, plusieurs jeunes filles de cette paroisse m'ont demandé si j'étais parente avec le couvreur Jean Meil ? Moi qui n'avait connu mon grand-père que par les souvenirs de maman je fus très surprise de voir qu'il survivait dans la mémoire des gens du Cap Sizun!

Grand-père est décédé dans la quarantaine d'une pneumonie contracté dans l'effort du travail et de l'inconfort de cette vieille maison de pierre au sol battu avec pour tout chauffage, les feux dans l'âtre de cette cheminée de pierres qui aspirait l'air au dehors plutôt que de la répandre à l'intérieur.

Mes parents se marièrent quelques jours avant sa mort. Et ce fut dans la cuisine, autour de la table qu'eut lieu le mariage civil. Le Maire se déplaça en personne car il fallait le consentement de grand-père. Notre mère en parlait avec fierté , ce n'était pas une chose coutumière. Nous nous sommes mariés autour de la table, (me zo demed e tré an daol) nous disait-elle en riant! En effet! Et le mariage religieux eut lieu une semaine après et papa en rigolant nous disait: et j'ai dû attendre cette cérémonie avant de venir habiter dans la maison! J'étais bel et bien marié pourtant! Autres mœurs, autres coutumes!

A sa retraite, ma sœur Annette est devenue passionnée de généalogie, bien avant que l'on puisse trouver de l'aide sur internet, elle a fait des démarches dans les mairies, les presbytères et partout où elle pouvait avoir de l'information sur les familles. Et elle me conte des histoires sur nos ancêtres, tout aussi croustillantes que celles de maman. Et que dire de sa collection de cartes postales, elle en a rempli une vingtaine d'albums! Seulement du Cap Sizun! Elle a souvent fait des expositions par thèmes. Il faut l'écouter en parler , elle est intarissable. Annette est une conteuse née! Elle connait chaque détail de ses cartes, soit pour les métiers, métiers de la mer ou de la terre, les ports, les hôtels, les coiffes, les fleurs, etc.

Moi je me contente d'écrire, c'est ma passion. Mon retour sur les bancs d'école à 65 ans m'a été d'un grand secours.

Tu n'as rien écrit cette semaine maman me disent mes filles? Comme il y a cinquante ans quand elles me tendaient leurs assiettes afin de recevoir leur portion de soupe, aujourd'hui elles attendent mes récits.

Non je n'ai rien mis au propre encore! Tout est dans ma tête, à part quelques jolies phrases qui d'elles mêmes ont glissé de ma main sur papier. C'est à partir de ces quelques lignes que prennent vie mes récits. Un jour c'est un poème qui prend vie! Un autre c'est une lecture qui m'inspire et me voilà partie pour une recherche sur le net. Et là encore d'un clic à l'autre, des idées surgissent et me donnent une sorte de relief pour la suite de mon texte.

Je note, je rêve, je rature et je recommence! À la semaine prochaine!

Publicité
Publicité
Commentaires
M
toujours le 31 mai 2018<br /> <br /> ma chère Blandine je continue mon chemin en votre compagnie ce soir<br /> <br /> Il est merveilleux ce dépaysement: aussi bien géographique que temporel<br /> <br /> l'énonciation de ces faits si lointains est d'une douceur de velours!<br /> <br /> bravo Blandine!<br /> <br /> avec toute mon affection Maricarmelle
Répondre
A
Je comprends mieux pourquoi tant d'articles me plaisent ici. Nous avons une passion commune: la généalogie! ;-)
Répondre
L
c'est magnifique maintenant avec ce fond en arrière plan , vous êtes une pro grand mère, toujours heureuse de venir vous lire
Répondre
M
une autre belle histoire ,j`ai hâte que tu arrives dans tes histoires d`amour !!!
Répondre
Pour que l'histoire vive
  • Au fil de ma vie j'ai accumulé des feuilles volantes de mon histoire, de mon parcours. Il s'en trouve dans des cahiers, et depuis quelques années dans les fichiers de mon ordi. je veux les partager et ainsi faire revivre l'histoire!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 127 382
Derniers commentaires
Publicité