Rêverie sur un déclic -2
Dimanche matin. La maison est paisible. Je fixe la fenêtre. Un rayon de soleil levant se faufile au coin d’un carreau. Tout à coup, une sonnerie! Je soulève le combiné.
J’écoute. Une voix me parle. Mon imagination vagabonde.
Le silence entre nous se peuple d’une foule d’images. L’océan nous sépare.
Nous communiquons par la pensée avec les mots qui surgissent du plus profond de nous, de notre connivence.
Je sens mes craintes et mes peurs à livrer ce qu’il y a d’émotions au fond de moi.
Je le fais passionnément. Je respecte le silence et l’écho produit par la distance entre nous. Cette voix amie, familière, me vient de la campagne lointaine où la vie tient encore au fil des saisons. Cette campagne où il y a encore un hiver, une nuit pour goûter au silence. Je refais en moi le plein d’arbres, de terre, de ciel et d’oiseaux. J’entends ce doux surnom d’enfance qu’elle me redonne.
Il fait vibrer mes cordes sensibles et comme une musique, chante à mes oreilles.
Cette liane qui nous unit d’une oreille à l’autre à travers l’océan est fragile mais tenace. Elle connait des mortes saisons mais quand la sève d’émotions bouillonne, elle renait. Éclatent alors des moments de joie que la «grisaillerie» des villes ne peut ternir. En ce moment, pour nous, le temps n’existe pas.
Nous le laissons s’écouler harmonieusement. Nous l’enrichissons du flambeau de la continuité. Il est l’axe autour duquel gravitent nos voix.
C’est un cadre à deux faces aussi beau à l’envers qu’à l’endroit.
Un déclic…………….Un soupir……………Un flot d’émotions!
Je regarde la fenêtre encore une fois.Le rayon de soleil est toujours là.
De l’autre côté de l’océan le même rayon, venant de l’ouest cette fois, traverse un autre carreau de fenêtre.
Il caresse une main qui vient de poser le combiné du téléphone.
(fin)
Ce texte, je l'ai écrit en 1990. Il avait tellement de sens pour moi , séparés de ma famille par un océan.
Hélas , de l'autre côté de l'océan la main amie n'est plus là ni pour me téléphoner ni pour écrire.
Je n'entendrai plus ni les rires d'Annette, ni ses chansons que nous chantions ensemble par dessous l'Atlantique,puisqu'il y avait le cable sous marin, ou par dessus avec les satellites qui font le relais aujourd'hui.
Annnette nous a dit au revoir le 23 Janvier 2016. Ses tourments en ce monde sont terminés. Elle est allée plus haut que les satellites qui relayaient sa voix du Cap Sizun au Canada. Elle est maintenant dans la chorale des Anges qui ont dû être heureux de l'accueillir. Repose en paix ma petite soeur . Je t'aime xxx
Blandine Meil