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Pour que l'histoire vive
27 juillet 2014

Le message c'est le médium

 

 

                

blonde au tél

 

Stéphane Laporte Collaboration spéciale La Presse+édition du 26 juillet 2014

 

Marshall McLuhan l’a dit en 1964 :  le message, c’est le médium. Cinquante ans plus tard, il a toujours raison. Et ce ne sont plus seulement les experts en communication qui manipulent le médium, mais tout un chacun.

Au quotidien, nous choisissons le médium que nous allons utiliser selon la nature du message que nous voulons envoyer. Il y a un temps pour le téléphone, un temps pour le courriel et un temps pour le texto.

Le texto, c’est pour les messages brefs et directs. Votre blonde veut que vous ramassiez du lait en rentrant du bureau. Avant, elle aurait été obligée de vous appeler, de vous demander comment vous allez, vous auriez commencé à expliquer votre journée difficile, elle vous aurait encouragé à ne pas lâcher, puis au bout de 15 minutes de conversation profonde, elle vous aurait dit, juste avant de raccrocher :  chéri, pendant que j’y pense, serais-tu assez gentil pour ramasser du lait, s’il te plaît ? Quel gaspillage d’énergie !

Maintenant, finis les excès de courtoisie. On ne tape pas des textos avec des gants blancs. Votre blonde veut que vous achetiez du lait, elle vous envoie un texto :  ramasse du lait. Le message est clair. Vous répondez : OK. Votre blonde vient de gagner 15 minutes de sa vie. Et elle aura du lait pour son café.

Le texto est de plus en plus utilisé, car c’est le médium le mieux adapté à nos univers parallèles. Pas de sonnerie agressive, mais une apparition assez remarquée sur l’écran du téléphone qu’il incite le correspondant, peu importe ce qu’il est en train de faire, à vous répondre instantanément.

Répondre au téléphone quand on est en rendez-vous est impoli. Répondre à un texto est toléré. Cela se fait silencieusement et l’interlocuteur qui est en votre présence se dit qu’il y a une urgence. C’est rarement le cas, mais il ne le saura pas.

Il n’y a pas si longtemps, les textos étaient réservés aux intimes. On peut dorénavant en recevoir de simples connaissances et même d’entreprises. Notre bulle virtuelle ne cesse de s’agrandir.

Le courriel sert surtout à des fins professionnelles. On ne fait pas le résumé d’une cause à son associé par texto. On envoie un beau courriel, avec en-tête et signature.

Entre proches, le courriel sert à des demandes importantes. Vous voulez emprunter le chalet de votre ami, la fin de semaine prochaine, vous ne pouvez quand même pas lui envoyer un texto :  Passe-moi ton chalet. Manque de bonnes manières.

Si vous l’appelez au téléphone, ça risque de créer un malaise, si ça ne lui tente pas ; et vous aurez l’air fou au bout de la ligne. Un beau courriel, bien écrit, et le tour est joué. Si c’est non, vous n’aurez pas à vivre ses plates excuses et il n’aura pas à vivre votre déception.

Le téléphone, de nos jours, sert à tout : prendre des photos, filmer, consulter l’heure, la météo, trouver son chemin, envoyer des tweets, des statuts Facebook, écouter de la musique, surfer sur le web, regarder la télé, réserver un restaurant, vérifier les cotes de la Bourse, prendre sa pression, éclairer comme une lampe de poche, jouer aux jeux vidéo, envoyer des courriels et des textos.

Un téléphone sert à tout, sauf à parler au téléphone. C’est tellement 2000. On le fait en désespoir de cause. Quand on est rendu à échanger 50 textos, sans que son correspondant ait bien saisi ce que l’on raconte, on se résigne à se servir de sa bouche, plutôt que de ses doigts.

Le téléphone est le médium des situations plus complexes de la vie. Le small talk, comme disent les Chinois, se passe sur les réseaux sociaux. Le téléphone, c’est pour le big talk. Quand on ne peut pas être expéditif. Quand il faut être compréhensif.

Selon que l’on reçoit un texto, un courriel ou un appel téléphonique, on devine déjà la nature du message de son expéditeur. Le texto porte votre besoin d’instantanéité, le courriel porte votre demande d’attention et l’appel téléphonique porte votre désir d’écoute.

Il arrive d’utiliser ces trois médiums en même temps. On parle à quelqu’un au téléphone sur mains libres, tout en tapant des textos et des courriels à d’autres personnes. L’ère des communications que prédisait McLuhan, il faut croire qu’il avait encore raison.

Mais l’ère des communications, ça ne veut pas dire l’ère de la compréhension. Une chose est certaine, c’est lorsque le dialogue est coupé, que s’intensifient les conflits, que l’on soit un couple ou deux pays. Alors textons-nous, couriellons-nous, téléphonons-nous et voyons-nous. Faut d’abord rompre le silence pour s’entendre. Et essayons toujours de terminer nos échanges par des XXX. (fin du texte de Stéphane Laporte)

Mon commentaire:

 

Ce texte me montre une vérité que je ne pouvais nommer jusqu'ici. Un malaise. Notre mode de communication a changé et comme plusieurs, je me sers aussi des textos si je veux que mes petits-enfants (de 23 à 38 ans) sachent que je vis encore.  J'ai trouvé ce moyen pour avoir de leurs nouvelles car avec la vie trépidante qu'ils mènent, l'ère de venir sonner à ma porte est terminée. Mais hélas! combien je m'en ennuie de ce genre de visites. C'était une façon de vivre. Le carillon de la porte qui sonne est bien plus gracieux que le son du téléphone.  Ça apporte une joie! car à ce moment, je sais que c'est pour moi que l'on vient et que je passerai une heure ou deux agréables.

Avec mes filles c'est le courriel qui fonctionne tous les matins. Par une lettre circulaire adressée à toutes en une seule fois, l'on se tient au courant de ma santé, de ce que je fais. Par le fait même, elles me mettent au courant de leurs allées et venues . Une à deux fois par jour, quelques fois plus selon l'urgence de la situation.  Alors seule dans mon logis, j'ouvre souvent mon ordi, je lis les messages avec un sentiment d'irréel.«Et rarement ce genre de message n'entraine de fous rires ». J'ai beau me dire que tout va bien, il me manque un «je-ne-sais-quoi»!... le contact humain , la voix humaine. Cela est un contact virtuel, presque irréel, non palpable . Au moins avec le téléphone on entend la voix, la respiration de la personne, on détecte les émotions qui passe et l'on peut partager sa joie de communiquer. Heureusement que de temps en temps elles savent encore téléphoner pour m'annoncer leur visite . «Tiens-toi prête maman, on vient te chercher pour un déjeuner au resto, où un souper chez l'une ou l'autre». Je pousse alors un soupir et je me dis : tout n'est pas perdu! je suis toujours au programme dans leur agenda chargé.

Une de mes filles me demandaient récemment : «Je ne sais maman si nous vivrons autant de changements que toi, tu as connu depuis ton enfance?» Eh! bien je crois que les générations d'aujourd'hui vivront surement non seulement d'autres changements mais surtout des manières différentes de fonctionnement humain. Nous sommes déjà dans «la virtualité» et pour ne pas sombrer dans l'indifférence de l'autre je dis comme Stéphane Laporte:

Alors textons-nous, couriellons-nous, téléphonons-nous et voyons-nous. Faut d’abord rompre le silence pour s’entendre. Et essayons toujours de terminer nos échanges par des XXX. (trois bisous)

Blandine Meil

 

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Commentaires
A
Que de changements en effet depuis notre enfance!!! Il y a même des choses que nos enfants et petits enfants n'ont jamais connues...<br /> <br /> On peut aussi continuer les deux moyens de communication de front, s'adapter aux nouveautés avec les jeunes (il faut aussi savoir ouvrir son esprit) tout en continuant d'écrire de vraies lettres, ce que je fais avec mes amies (même des amies bloggeuses qui elles aussi aiment toujours l'écriture) et ma famille... <br /> <br /> <br /> <br /> Bisous en pagaille, cela vaut plusieurs croix :-)
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E
Tu as bien décrit en long et en large cette nouvelle façon de communiquer. Il faut s'y faire, on doit s'y faire. Sinon on passe pour des attardés. Tout va trop vite mais on doit s'adapter au temps ! Bon dimanche.
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D
Bonjour Blandine <br /> <br /> Bien décrit cette évolution de la communication que nous vivons tous comme toi. Rien ne remplace le dialogue en face à face. Ta blonde pourrait simplifier en envoyant le texte : lait. Son brun mari comprendrait aussi.<br /> <br /> Savoir si les jeunes connaîtront autant de changements que toi ou moi qui connûmes les débuts de l'électricité. On peut répondre oui. Les changements ne sont pas terminés. Le progrès est en marche même s'il vient d'ailleurs. Nous avons Skype qui permet de se parler et vor en temps réel sur l'ordi. Viendra la 3D relief. <br /> <br /> ...Et viendra le temps où les gens s'apercevront qu'ils sont perdus sans leurs ordi, téléphone portable, moyens de paiement rapide ... <br /> <br /> ... que la mémoire est faite pour travailler et qu'il ne faut pas compter que sur les artifices même de hauts niveaux <br /> <br /> Je t'embrasse - daniel
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B
Ton message me touche profondément, j'ai souvent plus de nouvelles de mon fils par sa page facebook que de vive voix. Alors qu'avec ma fille on se parle au moins une fois semaine...<br /> <br /> Je te souhaite une bonne journée remplie de messages. Bisous xxx
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A
que c'est vrai tout çà mais ce que je préfère a tout ce sont nos téléphones ou on peut s'entendre et rire et chanter et pleurer quelque-fois puisque nous sommes hélas trop éloignées pour aller sonner a la porte!!!!!!xxxxxx annette
Répondre
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  • Au fil de ma vie j'ai accumulé des feuilles volantes de mon histoire, de mon parcours. Il s'en trouve dans des cahiers, et depuis quelques années dans les fichiers de mon ordi. je veux les partager et ainsi faire revivre l'histoire!
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