Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pour que l'histoire vive
10 mai 2014

Vivre en autarcie

seau à eau

la bouillie

En regardant «Rendez-vous en terre inconnue» , en réfléchissant à ces peuples africains et autres coins de la planète, vivant en autarcie, se suffisant presque à eux mêmes, je me suis vue à kerscoulet dans les années 30, 35.

Notre petit monde nous suffisait. La grande ville était loin et seuls les adultes allaient à la foire ou au marché et nous rapportaient ce qu'ils avaient vu  et entendu de la bouche d'étrangers car en dehors du village ou de la paroisse tout nous était étranger.

Lorsque nos fûmes assez grandes, peut-être vers dix ou douze ans nous avions le droit   chacune à notre tour d'accompagner maman au marché ou à la foire. Nos yeux s'ouvraient tout grands alors devant les gens de la ville, ou d'autres comme nous venus y faire nos emplettes. Sur la grande place de foire il y avait toujours des attractions. Soit un nain que l'on exhibait dans une cage, ou un homme accroupi dans un panier car n'ayant point de jambes ???... «Approchez mesdames et messieurs, vous aller voir ce que vous n'avez jamais vu, c'est un miracle de la nature que cet homme soit encore en vie! Il est né sans jambes, mais il chante et il chantera pour vous si vous êtes assez nombreux pour le lui demander»; Là un adolescent souvent passait le chapeau pour récolter quelques piécettes... Lorsque l'infirme avait poussé quelques notes, l'animateur  répétait son refrain encore : Circulez mesdames et messieurs  car l'homme doit se reposer maintenant et il donnera une autre représentation dans une heure... et le rideau se fermait sur l'homme sans jambes qui devait peut-être se relever à ce moment là ayant retrouver l'usage de ses jambes...

En revenant au village chacun racontera l'histoire à sa façon tel qu'il l'aura vu et vécu!!!!

Une autre ressemblance avec ces peuplades  de l'Inde ou de l'Afrique, c'était la nourriture sur la table. Le soir nous mangions de la bouillie de froment ou de seigle, ou de blé noir, suivant la saison. On la cuisait dans l'âtre sur un trépied dans une marmite en fonte.  Juste du lait et de la farine. Lorsqu'elle était cuite on déposait la marmite  sur un sous plat en bois, au centre de  la table. Ce jour-là on ne mettait pas d'assiettes.   Chacun avait  sa cuillère et un bol de lait. Maman déposait un gros morceau de beurre au centre de la bouillie. Nous prenions une cuillerée de bouillie dans le bord et la plongions dans le beurre fondue ensuite. Puis, nous la trempions dans notre bol de lait froid  avant de l'avaler. Le lait pouvait être, soit du lait de beurre ou du lait caillé. La sensation entre le chaud de la bouillie et le froid du lait était délicieuse.

Pourquoi n'avions nous pas d'assiettes ce jour-là? je crois que c'est par souci d'économiser l'eau de lavage de la vaisselle. Car l'eau était utilisé parcimonieusement puisqu'il fallait la tirer du puits et la ramener dans la maison par sceaux  de dix litres. Pour le lavage des mains après le repas nous utilisions une bassine émaillée. Cette eau était récupérée ensuite dans la chaudière qui servira à faire la pâtée du cochon, mais seulement si nous n'y avions pas mis  de savon.

L'eau savonneuse qui avait servie à notre toilette du matin était déversée sur  le tas de fumier, rien ne se perdait. Les os des viandes que nous mangions,  lapins, cochons ou boeufs  les arêtes de poisson, tout finissait là par se désagréger. C'était le compostage du temps. Tout ce que les bêtes, vaches, cochons ou poules ne mangeaient pas  finissait en compost sur le tas de fumier.... Et ensuite, ce fumier ira engraisser le champ ou poussera de retour, le blé, les légumes etc...

C'était bien avant le temps des déchetteries, celles que l'on connait aujourd'hui!

C'était avant l'ère de la surconsommation !

Bien sûre que je profite aujourd'hui de la modernisation! suis-je plus heureuse? que je ne l'était en ce temps là? J'aime bien ouvrir mon robinet d'eau chaude! J'aime réchauffer mon assiette au micro-onde et j'aime surtout mon chauffage électrique durant les gros hivers québecois.

Ce qui me reste de cet émission «Rendez-vous en terre inconnue» est la joie que ces gens démunis de tout confort font rayonner autour d'eux, au point que les animateurs ont souvent le cœur gros et la  larme à l'œil en partant.

L'important c'est d'être heureux de ce qu'on est et de ce qu'on fait. 

Blandine Meil  

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
C'est formidable de parler comme tu le fais ! Tu parles du temps où tout se recyclait et que l'on trouvait ça normal. C'était comme une boucle, un cercle sans fin. Je ne l'ai pas connu puisque je suis née en 1952 et que je n'habitais pas en Bretagne. Mais on me l'a raconté un peu. Que dire de plus ? Que le décalage entre chaque génération amène un peu plus de confort, de progrès ce qui fait qu'en 80 ans on en arrive à une explosion de modernité.<br /> <br /> Je termine en te souhaitant une bonne fête des mères. Bonne fin de week end également.
Répondre
D
Bonjour Blandine<br /> <br /> Parfait cet article sur tes conditions de vie d'alors. J'ai bien connu aussi. L'eau tirée du puits pas très catholique et les haricots qui séchaient en pendant sur la façade de la maison. <br /> <br /> Bisous de France - daniel
Répondre
L
Bon, c'est décidé : je retire toutes mes économies placées sur mes comptes bancaires, je me prive d'assurance sociale (tant que je suis encore en bonne santé, tant-pis pour les soins dentaires) et je me construis ma petite cabane en lisière de forêt (ou même une yourte), avec récupérateur d'eau de pluie, panneaux solaires, potager, et j'abandonne internet, téléphone, soucis !<br /> <br /> <br /> <br /> Amicales pensées
Répondre
C
Ce que tout nous dit de l'émission et de ton passé breton me fait beaucoup penser à ce qui se vit dans un village montagnard désertique du sud du Maroc . A notre époque . J'y ai retrouvé des comportements de 1950 à Audierne .<br /> <br /> J'ai gardé l'idée du compost et mon jardin en est heureux .Même l'eau de rinçage de la théière va au jardin ! Bises
Répondre
M
Oh BLandine, à travers votre récit je m'imagine la vie de mes parents qui devait être si semblable à la vôtre . Une vie simple et si différente de celle que l'on peut mener aujourd'hui. Bien sur il serait difficile de faire marche arrière, et le décalage est tel qu'il ne nous est pas possible de songer une vie sans confort. Raison de plus pour l'apprécier
Répondre
Pour que l'histoire vive
  • Au fil de ma vie j'ai accumulé des feuilles volantes de mon histoire, de mon parcours. Il s'en trouve dans des cahiers, et depuis quelques années dans les fichiers de mon ordi. je veux les partager et ainsi faire revivre l'histoire!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 127 378
Derniers commentaires
Publicité