Arrimage
La création de la revue Arrimage fut l'objet d'un cours lui-même, qui s'intitulait: L'art de la rédaction technique. Le professeur choisit d'abord les meilleures éléments en littérature, pour faire partie d'un comité. Quelques-unes furent chargées de faire appel à des écrivaines dans les ateliers d'écriture. Les choix ne furent jamais faciles. La diversité nous inspira des rubriques.
Un, deux, trois, comme des soldats en marche, les recueils se succédèrent. Actualité, satires, voyages intérieurs, histoire, environnement, poèmes, Haïku, rien ne rebutait les élèves à têtes grises, généreuses de leur créations afin de pouvoir mettre au grand jour la publication d'Arrimage ! Et Pourquoi Arrimage ? ce fut notre première question? nous avons la réponse en quatrième de couverture.
- Une courte incursion dans le petit Robert nous apprend qu'arrimage avait, en 1398, la valeur de «mise en état». puis, au XV11ème siècle, le sens évolua vers «un arrangement des marchandises arrimées». Toujours selon Robert, en 1671, «ranger la cargaison dans la cale d'un navire« était exprimer par le verbe arrimer qui, par extension, signifiait aussi, caler, fixer avec des cordes un chargement, des colis». De nos jours, à l'ère d'une navigation spatialisée, le petit Larousse ajoute:« fixer une charge utile à un véhicule à un véhicule spatial».
Plusieurs des textes que je présente dans mon blog sont passés par «Arrimage». Tels: Rêverie sur un déclic- Pour que l'histoire ne meure pas- La source intarissable. Nous avions «La page des lecteurs» qui faisait appel à tous de donner leur opinion sur la revue. J'ai participé aussi à cette page.
Voici, mon petit texte sous la signature de : Un timonier.
S'Arrimer à cette revue, c'est louvoyer à pleines voiles sur des textes ayant échoué dans le casier de Marie-José (*).
La collecte, la sélection, le montage, le graphisme, c'était notre fret. Nous avons chargé et déchargé du Collège à ses campus satellites. Nous avons bravé les tempêtes de correction d'épreuves en tanguant dans le Larousse pour respecter les balises et éviter les écueils. Nous avons fait partie d'un équipage dont les moussaillons fraichement embarqués et les officiers au long cours avaient des normes syntaxiques qui variaient suivant leurs écoles, leurs langues ou leur culture.
Mais les seuls maîtres à bord, le capitaine au verbe «Fleury» et l'armateur de «Cardinal (*)» veillaient au grain, l'œil au compas pour la bonne route du vaisseau. Sous leur gouverne, nous nous sommes arrimées au large des battures du Saguenay, pour ne pas échouer sur les platures des côtes armoricaines. ( Marie-José Fleury notre professeur était l'initiatrice de la revue et J.F Cardinal ,le superviseur des cours aux aînés)
Plusieurs fois à fond de cale, ou humant l'air du large sur le grand pont, nous avons imploré tour à tour Sainte Anne, Confucius ou le frère Marie-Victorin. Quand nos phares se sont enfin allumés nous avons compris dans quelle entreprise aux ressources humaines d'envergure nous nous étions embarqués.
Glissant ainsi, sous le soleil de l'oubli, sur le grand Saint-Laurent, notre inertie apparente nous a fait appareiller pour les Fidji, puis en une envolée jusqu'en Saskatchewan, les prières d'une enfant d'un couvent du Mont-Royal nous ont conduit pavillon haut vers un résultat final dont la gageure était Arrimage. ( Les noms propres de ces trois derniers paragraphes font appel aux titres des textes publiés). Blandine Meil
Nous avons eu l'honneur d'avoir des commentaires de célébrités dans notre page des lecteurs. Tel le commentaire de Jacques Dufresne(*) Philosophe québécois (*voir dans Wikipédia).
...La plupart des textes m'ont touché? Pourquoi? J'en suis réduit à répondre par une banalité: parce qu'ils sont vrais. Je crois avoir écrit récemment que la culture est faite de «rencontres avec des œuvres d'une qualité telle qu'elles se proposent à nous comme des présences, des réalités pleines de sens qui s'incorporent à notre substance au point qu'elle ne sera plus la même»...
Des textes ont été pour moi l'occasion d'une telle rencontre: Image d'Épinal et La source intarissable. Dans chacun de ces deux textes on est retenu dans l'authentique par je ne sais quel frémissement de l'expérience vraie, qui fait partie du charme des textes...
D'où la joie étonnante que j'éprouve en lisant Arrimage. J'avais les pires appréhensions. je craignais d'y trouver les mille et un visage ennuyeux de la compensation, depuis les bondieuseries jusqu'à l'impudeur à l'autre extrême... Je trouve plutôt des êtres dénués de toute prétention, qui racontent simplement des moments oasis qui sont d'attendrissants petits points d'humanité...
Et voilà comment les bons travaux scolaires ou les lettres écrites sans prétention finissent par constituer l'humus ou s'enracinera la culture achevée. Inversement voilà aussi comment la culture peut affiner le regard appelé à découvrir ensuite les oasis.
J'avais, je l'avoue, quelques réserves sur les cours des cégeps offerts aux personnes de 50 ans et plus. La revue Arrimage m'aura aidé à comprendre le sens et la raison d'être. A l'origine de la civilisation occidentale, étude et quête de sagesse, désir d'accomplissement, étaient une seule et même chose. Plusieurs de vos étudiants partagent de toute évidence cet idéal. Ils ne retournent pas aux études pour se tenir occupés ou pour préparer un voyage.
On apprendra un métier à l'adolescence et quand on aura été épargné par la vie on reviendra réfléchir sur son sens à la retraite. Serait-ce là l'avenir de l'éducation? Je me demande s'il ne faut pas intégrer vos aînés à certaines classes de jeunes?
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de redécouvrir le sens de l'éducation en attirant mon attention sur la revue Arrimage. Jacques Dufresne.
Un autre commentaire De Ernest Pallascio Morin auteur Québécois:
- J'arrime!
Lorsqu'une nouvelle revue littéraire parait, je m'en réjouis toujours parce que cela contribue davantage, sinon plus, à la culture québécoise qu'il importe au plus haut point, d'encourager par sa participation personnelle et son soutien, si modeste soit-il...
Puis l'on parcourait la revue, un chapitre après l'autre, attentivement, aux fins de pénétrer dans des domaines multiples et variés comme l'environnement, les voyages de la pensée et de l'esprit, des histoires à lire, toutes chaudes encore, écrites par des collaborateurs chevronnés laissant libre cours à la fantaisie de leur plume éprouvée, sans oublier la satire, la page des lecteurs où chacun et chacune peut donner la parole à son verbe critique qui se doit d'exister à la condition de conduire à des œuvres meilleures. Et le meilleur, on le sait, c'est toujours pour demain, lorsque s'ajoute de numéro en numéro, des ressources humaines donnant spontanément la main à ceux de la toute première étape.
A deux pas de moi, la surprise m'attendait. Un véritable défi! Joindre le groupe des collaborateurs. J'étais au comble de la joie, car la nostalgie de l'écriture me guettait au tournant. Ce sera modeste et surtout et surtout dans la veine de ce que j'espère offrir à la revue en essayant de ne pas démériter de ceux ou celles qui me tirent par la manche aujourd'hui. Si je participe au numéro cinq, je saurai que l'on m'aura gracieusement ouvert la porte.
Monsieur de Musset, SVP, ne la fermer pas. Ernest Pallascio Morin
Voilà donc où je passais mes temps libres en ces années 90.
Blandine Meil